Services publics : Nous n’Abandonnerons Jamais l’Espoir

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Lundi, 26 Décembre, 2011
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Sans services publics, la République est une enveloppe vide. Les services publics sont la traduction concrète de l’Egalité Républicaine et de l’Unité du territoire : l’Education Nationale, l’Hôpital Public, la Poste, la Justice, la Route, la Douane, la police, l’Armée,… sont les services publics du Grand Service Public de la République. C’est pour cela que cette année, à la Compagnie NAJE (Nous n’Abandonnerons Jamais l’Espoir), nous nous sommes dit que notre engagement artistique se ferait avec celles et ceux qui luttent pour les défendre.

 

(crédit photo : NAJE )

 Nous avons décidé de rejoindre ces luttes, de mettre notre théâtre à leur service, car dans chaque lutte partielle pour sauver un élément du service public, il y a la lutte pour sauver l’Egalité Républicaine.

 

L’art pour créer de la pensée politique

 

Alors en quoi le théâtre peut-il accompagner ce combat ? Même s’il n’est pas lui-même devenu, ainsi que le rêvait Jean Vilar1, « un service public tout comme le gaz, l’eau, l’électricité », il est depuis la Grèce antique le lieu où se pensent collectivement les forces et conflits qui agitent la Cité – autrement dit, l’art par excellence pour créer de la pensée politique. L’intérêt du théâtre, c’est donc d’être une assemblée de citoyens réunis autour d’un objet artistique, et c’est aussi sa fulgurance : Brecht2 disait que, plus de montrer « des choses vraies », le théâtre se doit de « montrer comment sont vraiment les choses ». La pièce que nous avons créée en mai 2011 pour le Comité National de Résistance à Base Elève, la Révolution de Papier, se passe en 2047. Cette projection dans un temps futur permet de rendre immédiatement lisibles et évidents les méfaits du fichage informatique actuel des élèves (voir page 38) : en 15 minutes, le spectateur comprend. Après, il peut vouloir des explications, des détails, mais le théâtre, par sa fulgurance, a placé d’emblée les vrais enjeux du fichage au cœur du débat.

 

Le théâtre n’est pas que mots, il est image, il est son, il est voix, et tout cela permet d’atteindre le spectateur avec une immédiateté et une profondeur qu’aucun tract ne pourrait égaler. La lutte y est incarnée, vécue, ressentie. Dans le tribunal des banques et de la finance que nous avons joué pour le contre-G20 à Nice, en partenariat avec ATTAC, c’est simple : les Banques sont sur le banc des accusés. Nous entendons leurs victimes, couple d’Indiens ruinés par le mirage Monsanto ou jeunes Américains expulsés de leur maison, victimes des subprimes. Nous voyons les banquiers jouer avec les emprunts comme des prestidigitateurs, nous écoutons un trader à la logique trop délirante pour être fictive. Le monde de la finance, qui apparait si souvent aux non-initiés comme un système incompréhensible et donc intouchable, devient, par son incarnation, immédiatement lisible : ses mensonges, ses manipulations, sa folie en deviennent éclatants.

 

A la fin de ce Tribunal, les Banques sont domestiquées, on leur passe un mors de cheval à la bouche, comme on dresse un cheval sauvage. « Cette image me rappelle celle des gravures de 1789, montrant le tiers-état d’abord portant le Clergé et la Noblesse, puis porté par eux », nous raconta un spectateur. C’est aussi cela la force de la scène : construire des images, des ponts qui rendent évidents les échos entre différents pans de notre Histoire ; utiliser tous les éléments culturels qui servent à notre domination, en les réorganisant, en les mettant à nu parfois. Nous avons en nous les éléments culturels de la République, nous croyons que le théâtre est là pour les vivifier.

 

Création avec des avec des groupes en lutte

 

NAJE est une compagnie de théâtre professionnelle pour la lutte politique et la transformation sociale. Nous faisons du théâtre de l’Opprimé, parce que justement, seule la volonté de l’opprimé amène le conflit vraiment révélateur ; et du théâtre forum, parce que cette forme du Théâtre de l’Opprimé place la lutte au centre de l’œuvre théâtrale, et la remet entre les mains du public constitué en assemblée démocratique, en donnant au spectateur le droit d’intervenir sur scène.

 

Nous travaillons en permanence avec des personnes qui mènent des luttes, petites ou grandes. Les luttes sont des conflits de volontés incarnés par des personnes ; il se trouve que le théâtre aussi est un conflit de volonté, mais incarné par des personnages joués par des acteurs ! C’est cette convergence de nature qui nous amène à proposer notre travail à des groupes en lutte : essayons ensemble de donner une incarnation artistique à ce que vous faites sur le terrain, pour rendre manifeste au public ce qui se joue vraiment dans tel ou tel mouvement, généralement disqualifié par le pouvoir qui le traite de catégoriel ou de sectoriel. Que ce travail de création se fasse avec des groupes en lutte venant de secteurs très différents du service public devrait permettre de trouver des convergences fondatrices, de dévoiler les vrais enjeux de la lutte pour la défense des services publics…

 

Où se trouve la légitimité du pouvoir quand le pouvoir trahit le peuple ?

La moitié du théâtre ne parle que de cela !

A notre tour, parlons-en ensemble en créant du Théâtre… et de l’Opprimé !

 

 

Jean-Paul Ramat,

avec la collaboration de Célia Daniellou-Molinié

 

1Metteur en scène, créateur du festival d’Avignon et directeur du Théâtre National Populaire (TNP) de 1951 à 1963.

 

2Dramaturge allemand (1898 – 1956), auteur de « Mère Courage et ses enfants ».

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